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Sauver la PNH des mauvaises politiques et préserver l’avenir

La police est en deuil. La police est en colère. La police est désemparée. Ce 12 mars est un jour sombre pour la Police nationale d’Haïti.

Après des années de sous-équipement, de sous-préparation, après des années de mauvaises politiques publiques en ce qui concerne la sécurité, de batailles partisanes pour contrôler la police, après des années d’hésitation et de compagnonnage avec toutes sortes de bandits, la PNH a sombré dans la défaite.

Ce deuxième vendredi du troisième mois de l’année marque un tournant dans la chronique de l’insécurité en Haïti. Après plusieurs opérations sans engagement réel, après plusieurs jours de positionnement tactique, les forces de l’ordre ont lancé un assaut contre les membres de gang retranchés à Village-de-Dieu.

Après des heures d’affrontements, un bilan préliminaire non officiel fait état d’au moins trois morts, de huit blessés et deux véhicules blindés perdus dans les rangs de la PNH.

Pour le moment, on ignore l’étendue des pertes dans le camp des bandits qui étaient pourchassés ainsi que le bilan au sein de la population civile. Les seules images et vidéos qui circulent proviennent de Village-de-Dieu.

Comme dans un remake de Black Hawk Down, ce film qui retrace l’opération manquée d’une unité d’élite en Somalie, on a pu voir la mise à mort de policiers, des cadavres mutilés, des blindés pillés puis exhibés comme des trophées, des armes brandies comme des défis et des groupes de fêtards ivres d’avoir résisté aux forces policières.

Ce n’est pas la guerre civile, mais cela y ressemble d’autant qu’il n’est un secret pour personne que des poches comme Village-de-Dieu existent çà et là sur toute l’étendue du territoire.

Les politiques ont laissé les gangs proliférer, la police n’avait pas instruction de les neutraliser. Ce 12 mars, les politiciens et les policiers ont été dépassés par l’ampleur de la tâche.

Comment sauver la PNH ? Comment l’aider à revivre sans l’enfoncer encore plus, comment la sortir du piège dans lequel les politiques l’ont jetée ? Comment l’encourager à reprendre son rôle de gardien de l’ordre et de la paix sans la laisser tomber dans l’outrance ? Comment organiser la réplique sans s’installer dans la barbarie ?

Il y a plusieurs questions sans réponse ce 12 mars parce que les politiques et la société civile ont laissé une situation pourrie devenir encore plus détestable chaque jour un peu plus.

Ce n’est pas l’avenir du directeur de la police, ni celui des membres du Conseil supérieur de la police nationale, ni même l’avenir du président Jovenel Moïse qui est en jeu. C’est bien plus que cela. C’est l’avenir d’un certain Haïti qui s’est peut-être joué ce 12 mars à Village-de-Dieu.

Frantz Duval

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