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Avril 2023
HAÏTI : UN PAYS SOUS PERFUSION
Qu’est-ce que « servir le bien commun » veut dire ?
“Où se rÉside réellement le problème d’Haïti” ?
HAÏTI : UN PAYS SOUS PERFUSION
Chère Haïti, Toi qui forme tout une plèbe haïtienne – un peuple « Martyr » – Tu es le pays des occasions ratées : Tes intérêts collectifs issus de Tes mouvements populaires sont détournés aux profits des intérêts égoïstes de certains de nos compatriotes.
Par ENORCK RAPHAËL
Haïti, une Terre haute, Terre de grande contrée, après son passé glorieux forgé par Jean-Jacques Dessalines (1758-1806) et Joseph Auguste Anténor Firmin (1850-1911), est confrontée à une crise sans précédent aujourd’hui. C’est un pays tombé aux mains d’une coterie de bandits depuis plusieurs années : au vu et au su de tous !
L’État se doit, par sa mission régalienne, de protéger et servir en assurant les Vies et les biens. L’État d’Haïti devrait pouvoir mettre fin au banditisme qui touche toutes les artères de la vie sociale, morale, économique et politique.
Mais les lignes n’ont pas bougées depuis le 1er janvier 1804, l’État haïtien devient une véritable passoire où tout devient possible : vol, viol, détournement de fonds publics. Sont visiblement les modes à suivre : crimes de sang, kidnappings contre des rançons, etc …
Les malfrats en tout genre sont aux aguets dans un pays où l’État n’existe pas. Il y a un mélange de tout. Ceux censés faire respecter les lois sont complices de cette tragédie de misère et d’insécurité que connaît ce pays caribéen.
Nos hommes politiques se transforment en acteurs hollywoodiens. Ils font des mises en scène majestueuses, dignes de contes de fée. Mais, malgré leurs gesticulations politiciennes d’histrions, il demeure toujours cette réalité inviolable, tangible et palpable : celle du quotidien vécu par le peuple haïtien.
En effet, on vit avec la peur au ventre. Les gens déraisonnent. Autrement dit, au lieu de dire : « Si Bon Dieu veut », ils disent en revanche : « Si “bandi vlé” » (Note du traducteur : « Si Bandit veut » !). Conséquemment, l’État haïtien a subi et subit encore actuellement un symptôme de défaillance.
Cette situation gravissime nécessite des femmes et des hommes qui soient des serviteurs nouveaux, des visionnaires mâles et femelles ayant un leadership Républicain pour servir ce pays et le faire renaître de ses cendres, tel un Noir phénix.
QU’EST-CE QUE « SERVIR LE BIEN COMMUN » VEUT DIRE ?
Le dictionnaire Petit Robert définit le verbe “servir” de la manière suivante : « En tant que verbe transitif direct, “servir” signifie s’acquitter de certaines obligations ou certaines tâches envers quelqu’un (auquel on obéit) ou envers une collectivité ». Et, à cet égard, le dictionnaire donne pour exemple : « bien servir son pays ».
En tant que verbe transitif indirect, “servir” signifie « aider en tant que utile ou utilisé ou encore être utile à quelque chose ». Ici, à titre d’exemple, il est cité : « Nelson Mandela, héros du XXème siècle ».
Dans un contexte sociopolitique, le service est défini comme étant l’ensemble des devoirs que les citoyens ont vis-à-vis de l’État, de la société et des activités qui en résultent.
Où cet esprit de service fait-il défaut ? Précisément là où il est impossible de bâtir une société politique véritable et cohérente avec une cohésion nationale massive. Or, c’est justement le cas d’Haïti depuis plusieurs décennies, qui traverse continuellement des crises ou vit des crises intermittentes à cause de l’absence de l’état d’esprit de servir la République.
Nous pouvons agir à partir de ces cendres afin de sauver ce pays des ornières du sous-développement outrancier et de l’insécurité indigne.
Les haïtien(ne)s constatent que l’ « industrie de l’insécurité » se déverse à flots dans leur pays. Dans ce dernier, tout ce qui fait sens reste à refaire, avec une énergie et une synergie réactivées.
Nos dirigeants cupides, avec un comportement “ki melem” (Note du traducteur : « Je ne m’inquiète pas ») dépourvus du sens républicain, ont enlevé le goût de la vie chez nos terriens, où la vie est désacralisée.
À chaque jour suffit sa peine. Les gens ne sont pas motivés pour passer aux « dialectiques des armes ». Non seulement ils n’ont pas les moyens de ce rêve, mais de plus, ils vivent plutôt comme des éternels résignés au bon vouloir de Dieu. Et ce, quand bien même les perspectives d’un avenir certain prennent l’apparence d’illusions perdues, et que ceux qui sont placés pour garantir la vie tuent des gens, selon leur bon vouloir, sans être inquiétés.
De surcroît, l’impunité connaît son summum, son apogée peut-être… On ne sait pas qui gouverne ce pays : gouverner signifie « transformer la vie sociale, culturelle, économique et politique d’une nation vers le progrès » d’après le philosophe Charles Wola Bangala.
Cependant, le peuple vit dans la défiance la plus totale. C’est la raison pour laquelle aujourd’hui Haïti est classée parmi les États faillis ; c’est-à-dire un État incapable d’exercer ses pouvoirs régaliens.
En effet, on ne saurait parler de république qui transporte la foi d’un pays – avec sa grandeur et ses valeurs -, lorsque l’anarchie, l’impunité et la mauvaise gouvernance règnent en maître et seigneur. La République fonctionne dans le vivre ensemble sous le “règne de la loi” (comme ultime bien commun) et dans le respect de la chose publique.
En outre, une nation se résume pas à un groupe de personnes rangées de manière verticale. Ce sont plutôt des hommes et des femmes lucides qui ont le goût de la nation, la passion de la patrie, et qui prêtent main forte à la défendre contre l’irruption d’une armée étrangère. En fait, ils sont prêts à prendre les armes pour ce qui est sacré : notre patrie.
Nous l’avions étudié à l’école : la patrie est la terre que nos ancêtres nous ont léguée comme héritage. Quand on hérite de quelque chose, on en prend soin.
Des poètes haïtiens l’ont si bien dit avec une quintessence qui défraie la chronique.
Antoine Dupré, appartenant à l’école des indigènes de 1836, écrit :
“Si un jour sur nos rives réapparaissent nos tyrans
Que les ordres fugitifs servent d’engrais à nos champs.”
Oswald Durand déclame à son tour, issu de l’école patriotique de 1860 :
“Nous jetâmes l’argent le front haut l’âme fière ainsi qu’on jette des os aux chiens.”
Quand notre pays est menacé, nous avons le devoir de le défendre. La république, c’est nous ! C’est une monceau de terre certes, mais il nous faut l’organiser afin que la vie y soit propice.
Les haïtiens devraient faire des sit-in devant les consulats étrangers qui sont présents sur le territoire haïtien, en empêchant les diplomates de quitter les lieux. Ainsi une solution serait apportée aux maux endémiques endurés par le peuple haïtien, rendant alors sa vie est possible. En ce moment même, à l’heure où j’écris, ces hommes armés sillonnent nos rues. Ils ne le font pas de leurs propres chefs : ils travaillent pour une camarilla.
Il faut combattre ces gens qui les financent afin de stopper la terreur quotidienne qu’ils instillent auprès la population civile.
“OU SE RÉSIDE RÉELLEMENT LE PROBLEME D’HAÏTI” ?
Au moment où Haïti vit une crise sans précédent, la réponse républicaine s’impose.
Contrairement à ce que la communication gouvernementale laisse à penser depuis plusieurs décennies, la République n’est pas un slogan creux ou une référence molle. Elle signifie une politique en action pour faire avancer partout, concrètement, la démocratie, la bonne gouvernance, l’État de droit, l’égalité et la justice !
Aussi avons-nous besoin, plus que jamais, d’une République socialement, culturellement, politiquement et économiquement forte, dont les assises (la participation citoyenne, la cohésion sociale, la volonté d’égalité) soient consolidées pour faire reculer, à la fois, la classe politique stérile contre-productive, ses pratiques politicailleries et gouvernementales, et l’injustice sociale comme toutes les formes de discrimination.
Par conséquent, le problème majeur d’Haïti aujourd’hui est celui d’un manque de leadership politique collectif républicain, progressiste, transformationnel, avec “l’esprit de servir le bien commun”.
Un leadership a même d’une part, d’enrayer la mauvaise pratique et la dynamique en cours. Et d’autre part, capable de susciter et d’impulser le renouveau ascensionnel d’Haïti.
C’est ce leadership qui peut créer un environnement favorable au changement, où peuvent aisément s’enraciner la bonne gouvernance, l’innovation, la prospérité et le vivre ensemble dans un État moderne bienveillant. Voilà donc le grand besoin actuel d’Haïti.
Si les Haïtiens doutent, si la démocratie est à la peine, c’est que l’esprit Républicain, la promesse de la République, les principes de la République s’affaiblissent. L’universalisme et l’humanisme, sur lesquels sont fondées notre société – telle notre devise : l’union fait la force – sont critiqués parfois depuis les rangs mêmes de ceux dont la vocation est de les défendre. Le ‘’Nous Haïtien est émasculé par l’absence du sens d’engagement, d’honnêteté, de probité. Il manque désespérément une confrontation avec les résultats concrets politiques obtenus par et pour le peuple.
L’intérêt général est quotidiennement mis à mal par le poids des lobbies. Le suffrage universel est fragilisé par l’accroissement permanent de la mauvaise gouvernance, des élections truquées, de l’insécurité généralisée, du kidnapping, de l’indifférence et de la défaillance de l’État Haïti, aujourd’hui incapable de jouir ses pouvoirs régaliens. Non seulement nos services publics sont régulièrement dépossédés, mais s’additionnent le mépris et l’arrogance à l’égard des plus modestes qui, ensemble, n’ont été aussi ouvertement affichés.
Hélas nos libertés vont de crise en crise, de plus en plus écornées. Le rapport entre les citoyens, sa justice et ses forces policières ne cessent de se dégrader. Or, la République ne peut que s’affaiblir de chaque nouvelle injustice sociale, de chaque annonce irresponsable de nos dirigeants, de chaque recul des droits humains, de chaque entorse faite à la Fraternité et au vivre ensemble universel.
A contrario, un engagement citoyen retrouvé, des institutions revitalisées, des solidarités entre tous revivifiées peuvent redonner à l’État d’Haïti ses pouvoirs régaliens afin que chaque Haïtienne et chaque Haïtien jouisse pleinement de ses droits de citoyen dans la confiance.
In fine, le choix du moment est de donner les Priorités aux priorités à travers une volonté politique durable pour changer la gouvernance publique. Il s’agit là d’un courage politique à assumer pour surmonter les obstacles multiples. Ce courage imminemment collectif est substantiel pour vaincre le désintéressement à endosser la mission et la maîtrise du temps nécessaires dans l’objectif d’implanter une nouvelle dynamique et la patience pour sa consolidation avec un courage collectif.
Aussi, il est grand temps d’inculquer au peuple haïtien l’esprit républicain, le patriotisme et le sens de servir la patrie pour que nous initiions une alternative à l’avenir en commun pour tous – dans la fierté et la dignité.
Ainsi, lorsque l’esprit de servir est compris, il en émane que cette mise en service devient la voie royale qui conduit à la citoyenneté véritable
Une chose est sûre : la rupture est un passage obligé. Pour ce faire, il faut de nouvelles figures sociales, culturelles, économiques (surtout politiques qui l’acceptent). Celles-ci auraient à s’engager dans le but d’emprunter la route vers l’alternance politique réelle. Quelle voie idéale pour redonner à Haïti ses valeurs Républicaines !
Je termine mon article avec cette question : Comment bâtir en Haïti un futur commun, plus au moins parfait et partageable à partir de l’imparfait du présent sous la directive d’un leadership politique républicain serviteur ?
OSONS ENSEMBLE LE RENOUVEAU !
Enorck RAPHAEL
ERKòtakòtHaiti.