Haïti commémore, comme le reste du monde, la Journée internationale des droits de la femme ce 8 mars. Cette date, ou encore cette célébration a tout son sens chez nous. Haïti peut se targuer d’avoir contribué à l’émancipation de la femme. La révolution haïtienne de 1804 avait combattu l’esclavage pour que les hommes (sexe masculin) et les femmes puissent vivre dans la dignité et le respect sur ce coin de terre. Avec cette révolution, notre pays est devenu un pionnier dans la défense des droits humains, notamment les droits des femmes. Les multiples apports de nos ancêtres à la libération d’autres peuples sous le joug de l’esclavage en sont par ailleurs des exemples éloquents.
Malheureusement les générations postérieures n’ont pas su bien mettre en valeur l’exploit de nos ancêtres pour positionner Haïti comme une terre de liberté pour tous les opprimés du monde. On n’a pas pu non plus suivre leur exemple pour garantir le respect des droits des fils et des filles de cette terre. Ce 8 mars devrait être un moment de réflexion sur le traitement que le pays accorde à la gent féminine.
Il n’y a pas de doute que notre pays est l’un des coins au monde où les droits des femmes, à tous les niveaux, sont piétinés à longueur de journée. La crise politique actuelle empêchant le bon fonctionnement de nos institutions est un coup dur au respect des droits de la femme. Imaginons aujourd’hui la situation des femmes en détresse dans un pays où la justice est à l’arrêt, où la police peine à protéger et à servir, où les gangs imposent leur loi. Dans certaines zones du pays, les cas de violence sexuelle explosent.
Les lois haïtiennes garantissent les droits des femmes. Nous avons signé et ratifié des conventions internationales en la matière, mais peu d’efforts ont été faits jusqu’ici pour les mettre en pratique. N’empêche que nos autorités commémorent la journée du 8 mars. Dès demain, elles vont oublier les engagements pris aujourd’hui en attendant la prochaine célébration.
Les problèmes affectant les droits des femmes dans le pays ne datent pas d’hier. Mais ils s’aggravent sous l’administration de Jovenel Moïse. La multiplication des gangs dans les quartiers populaires, l’intensification du phénomène du kidnapping, la crise sociopolitique sont loin de contribuer au respect des droits de la femme.
Le plus grand engagement que nos autorités doivent prendre en cette journée du 8 mars, c’est de diriger autrement. Autrement dit, mettre fin à l’instabilité politique en vue de construire des institutions solides capables de garantir le respect des droits des femmes. Voilà l’engagement que nos autorités doivent s’efforcer de respecter en ce 8 mars marquant la Journée internationale des droits de la femme.
Jean Pharès Jérôme