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(7 janvier 2023)
Réagissant sur le documentaire intitulé « Le pillage d’un peuple, raconté » rendu public par le journaliste enquêteur Benjamin Tremblay, M Amadou Diawara, le CEO of the Center for Innovation in Technological Research and Creative Industry (CIRTIC), parle de « Pillage impérialiste. » « Aucune tare naturelle ou malédiction mystique, ajoute-il, n’est à la base du sous-développement d’Haïti et de la pauvreté structurelle de sa population (Hayti). Il y a des victimes et des bénéficiaires de cette affaire : d’une part, la population haïtienne maintenue dans une pauvreté extrême et de l’autre l’enrichissement de ces pays voleurs et leurs grandes banques impérialistes… » Il va même jusqu’à se demander : « Comment ces pays peuvent-ils encore parler de nos politiques ou de nous donner des leçons sachant qu’ils sont les diables » ?
Qu’on se rappelle, en effet, certaines mesures de la Communauté Internationale contre la Première République nègre du Nouveau-Monde : L’Embargo commercial (1804-1862) ; la Double dette de l’Indépendance payée (1821-1947) ; l’Escroquerie à la BRH de $500.000 en lingot d’or (1914) ; l’Occupation américaine (1915-1934) ; les Invasions américaines (1994) et (2004) ; Dix missions d’occupation onusienne (1994-2023). Pourquoi toute cette frénésie contre Hayti qui a commis ce que l’ex-représentant de l’OEA en Hayti Ricardo Seitenfus appelle un « péché originel, un crime de lèse-majesté pour un monde troublé : elle est devenue la première (et seule) nation indépendante à émerger d’une révolte d’esclaves ?
Le modèle révolutionnaire haïtien a fait peur aux grandes puissances colonialistes et racistes ». C’est Bill Guigley (2022) qui semble le mieux résumer les torts causés par les gouvernements américains qui ont fait d’Hayti un véritable enfer dans un article fleuve intitulé « Pourquoi les États-Unis doivent des milliards de dollars à Hayti ? – La plus brève histoire ». Le professeur de droit à l’Université Loyola de la Nouvelle-Orléans écrit : « Les États-Unis ont travaillé pendant des siècles pour briser Haïti. Les États-Unis ont utilisé Haïti comme une plantation. Les États-Unis ont contribué à saigner économiquement le pays depuis qu’ils se sont libérés, ont envahi le pays militairement à plusieurs reprises, ont soutenu des dictateurs qui ont abusé du peuple, ont utilisé le pays comme un dépotoir pour notre propre avantage économique, ont ruiné leurs routes et leur agriculture et ont renversé les élus populaires.
Les États-Unis ont même utilisé Haïti comme l’ancien propriétaire de la plantation et s’y sont glissés à plusieurs reprises pour des loisirs sexuels ». Pourquoi une telle horreur, une telle haine, une telle aversion, une telle détestation contre Hayti qui a plutôt contribué à élargir la superficie territoriale américaine et participé militairement dans la seconde guerre de l’indépendance contre les Anglais à Charrette, New-Orléans ? N’est-ce pas là un cas flagrant et avéré d’ingratitude des peuples et surtout des grandes puissances dites civilisées ?
Le 23 janvier 2003, « les nations malveillantes » telles que les États-Unis, le Canada et la France avec leurs bras mortels tels l’OEA et l’Union Européenne ont donné le dernier coup de massue à la mère-patrie, Hayti, en décidant manu militari de « suspendre l’indépendance d’Hayti » et en créant le Core Group pour diriger la politique haytienne par l’intermédiaire des collabos « coquins, requins, faquins » de la république de Port-au-Prince pour leur enrichissement personnel et pour livrer les institutions et ressources étatiques aux mains des oligarques en vue de maintenir le système obsolète et conserver le pouvoir.
Depuis le séisme dévastateur et meurtrier du 12 janvier 2010, les Clinton, les ONG américaines, canadiennes et françaises en ont largement profité de collusion et corruption pour s’enrichir à la faveur de ce cataclysme naturel. Ces ennemis mortels d’Hayti, avides de richesses infâmes, peu importe le coût de la vie et la misère des masses haytiennes, y trouvent toujours les élites politiques et économiques pour les accompagner dans leur forfait au détriment de l’intérêt national. « Le chaos en Hayti, la Communauté Internationale est la première responsable. Les classes politiques et économiques sont les alliés de cette communauté internationale » fulmine le docteur Jean Fils-Aimé.
Et voilà que c’est cette même communauté internationale qui claironne aujourd’hui la nécessité d’une intervention militaire étrangère sous le fallacieux prétexte « d’une triple crise : politique, économique et sécuritaire qui s’enchevêtre d’une manière effrayante » annoncée par Helen La Lime (2022) par devant le conseil de sécurité des Nations-Unies. Justement, madame La Lime, la Minustah (2004), par la résolution 1542, était déployée en Hayti dans l’objectif de stabiliser le pays mais il y a eu plutôt déstabilisation, assassinats politiques et un carnage à Cité Soleil avec les soldats pédophiles, homosexuels et porteurs de couche de choléra qui continue de faire des dégâts colossaux en vie humaine et pour voir l’ONU à maintes reprises tenter de se déresponsabiliser, n’est-ce-pas ?
Le Binuh, dont vous êtes la cheffe, son mandat par la résolution 2476 du Conseil de sécurité du 25 juin 2019 est-il pas justement de « Conseiller le gouvernement d’Haïti pour promouvoir et renforcer la stabilité politique et la bonne gouvernance, y compris l’état de droit, préserver et favoriser un environnement pacifique et stable, y compris en appuyant un dialogue national inclusif entre Haïtiens, et protéger et promouvoir les droits humains ». La direction du journal serait-elle irresponsable et illogique d’attribuer le chaos d’Hayti à la faillite totale de la communauté internationale et à ses acolytes à l’intérieur du pays ?
Et si ce serait le cas, on dirait sans ambages que vous n’avez pas l’antidote pour le virus que vous avez vous-même fabriqué au cours des vingt dernières années à travers l’Initiative d’Ottawa. Trois écoles de pensée, en ce moment crucial, se penchent sur l’avenir d’Hayti en 2023, l’année dit-on, de restauration de la souveraineté d’Hayti et de la libération du peuple haytien.
La première école plaide pour une occupation étrangère. La deuxième, non sans raison, se positionne pour une rupture diplomatique avec les nations malveillantes, mais la troisième école – la voie de la raison résonnante – priorise plutôt un dialogue franc et sincère pour vider les contentieux et pour obtenir restitution et réparation pour tous les torts causés à la mère-patrie par le trio infernal. Et, en cas de refus aux demandes probantes, justifiées et légitimes, du peuple trop longtemps bafoué et croupissant dans la misère crasse, la nation haytienne prendra acte et saura quoi faire.
Francisque JEAN-CHARLES
Dans Le Novateur, Vendredi 7 janvier 2023.-