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Pourquoi Haïti ne doit pas rater la révolution Blockchain?

Une révolution est en marche, elle va changer le monde, la civilisation, la vie sur terre comme aucune autre Révolution ne l’a fait avant. C’est la Révolution Blockchain ! La technologie de la Blockchain ne fonctionne pas comme un grand livre comptable ouvert, accessible à tous où l’on peut trouver, vérifier toutes les informations sans pouvoir les modifier ; donc, transparente et non modifiable, cette technologie décentralise et réinvente tout.

Pour la première fois dans l’histoire des révolutions technologiques, l’une d’entre elle, au-delà de la révolution internet, a la capacité d’agir sur le pouvoir vertical et centralisé exercé par les Etats sur la monnaie, sur celui des banques et les transactions financières, des notaires et les cessions immobilières, des monopoles énergétiques sur la distribution d’électricité ou de carburants, les systèmes de santé etc. Il semblait impossible d’imaginer de tels bouleversements avant le développement de la Blockchain. Quelles sont les applications possibles ?

Ces technologies existent depuis plus de 10 ans. Ce sont avant tout des protocoles informatiques tout comme Internet, le Mail, le Web ou la Visioconférence. Les applications décentralisées (aussi appelées « Dapps » ) permettent :
• Le design monétaire numérique (création de monnaie numérique comme le bitcoin, ethereum)
• Les contrats intelligents
• Le financement participatif
• Les levées de fond
• Le vote électronique
• La création de titres numériques (passeports, titres de propriétés, parts sociales d’une entreprise, documents officiels, d’identités, diplômes, certificats et autres archivages)
• Gestion de cadastre national
• Le système d’agent (sorte virus offrant des services et pouvant s’autogérer)
• Réduire les frais de transfert d’argent par une circulation plus rapide au niveau mondial
• Une nouvelle approche des valeurs et outils de la gouvernance démocratique.
Toutes ces applications mises les unes à côté des autres permettent la mise en place d’une gouvernance décentralisée. Dans le contexte du mouvement, on peut imaginer de mettre en place un système de vote centralisé, d’émettre toutes sortes de titres numériques, ou bien d’organiser une collecte de fonds destinés à financer quelques belles actions à venir. On a prédit la prise de pouvoir des robots supprimant et remplaçant le travail des “cols blancs” après celui des “cols bleus”.

Avec la Blockchain on va assister au contraire à un retour de l’humain dans l’écosystème numérique avec de réelles opportunités de choix, de partages, de liberté d’achat ou de vente, de travail indépendant, avec en même temps la catalyse et le développement de la créativité collective. En 2019, on a vu les responsables de la France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon organiser une présentation de cette technologie que chaque nation qui veut préparer son avenir doit aider ses citoyens à maîtriser.

En ce qui concerne Haïti, il faut voir la Blockchain comme la plus grande opportunité du moment. Des questions fondamentales pour une réforme intégrale de la société haïtienne peuvent trouver des réponses pertinentes via la Blockchain : la bonne gouvernance, la circulation d’argent et les outils financiers, le secteur sanitaire et la distribution et production d’énergie sont les premiers champs à exploiter par Haiti en quête de solutions et d’alternatives.

Binance la plus grande plateforme de Blockchain pour les services financiers a dressé un rapport dans lequel on peut traduire : les transferts internationaux représentent plus de 32% du produit intérieur brut de l’économie haïtienne. Les frais de transferts d’argent de la diaspora vers Haïti sont les plus élevés du monde. La blockchain offre la possibilité de réduire de 80% les frais de services, cela permettrait d’économiser plus de 250 millions de dollars par année. Au niveau des outils financiers du système international, nous sommes à la traîne, presque toutes les grandes entreprises de services financiers qui sont les véritables portes d’entrée de l’économie mondiale ont banni Haïti qui du coup devient un pays asphyxié et non productif.

Dans le domaine de l’agriculture, la blockchain peut aider à certifier et protéger nos produits. Geneviève Léveillé, originaire d’Haïti et directrice générale de la compagnie AgriLedger, figure parmi les 100 personnalités (issues des minorités) les plus influentes en Angleterre en 2019. Elle figure sur cette liste pour sa contribution au secteur technologique britannique. Son entreprise fait exactement ce dont on a besoin pour relancer et protéger sur le marché mondial des produits labellisés « Made In Haiti ».

Il y a de nombreuses initiatives internationales sur le terrain qui sont dirigées par des personnes ou instances internationales sur le sol national au grand dam des haïtiens qui ne sont pas encore préparés pour faire ce saut technologique. Après Agriledger de Geneviève Léveillé, il y a BCP (Blockchain Cotton Project) qui cherche à redynamiser la production de coton en Haïti, une production locale qui a été très appréciée dans le monde pendant la colonie et avant les années 1970. Il y a aussi PlasticBank, projet supporté par IBM, une initiative visant à rémunérer les gens par des jetons (sortes d’actifs numériques) dans le but de participer aux activités visant à aider dans le domaine du recyclage des déchets.

La Banque Centrale d’Haïti a lancé son projet de monnaie numérique. On attend toujours les résultats d’un concours auquel j’ai participé pour choisir un nom dédié à cette monnaie. Sans oublier quelques projets que des jeunes sans financement réel essaient de bricoler sur cette terre de débrouillardise : des forums, des plateformes d’échanges et mêmes des boutiques virtuelles pour le commerce électronique.

Dans le domaine énergétique la blockchain va désintermédier les grands pouvoirs centralisés et pyramidaux des énergies fossiles et nucléaires. Grâce auvSmart Grid qui permet l’adaptation de la fourniture d’électricité à l’offre et à la demande et grâce au réseau de distribution l’énergie produite localement par des alternatives énergétiques (solaire, éolienne, biocarburant), des particuliers vont pouvoir, grâce à la blockchain, acheter et vendre de l’électricité ou des biocarburants de manière sécurisée et sans intermédiaire. Un tel système de vente d’électricité dans la Smart Grid existe déjà à Brooklyn. Au niveau sanitaire, la Blockchain apporte de grandes promesses pour Haïti aussi. Plusieurs cas d’usage sont envisageables dans le secteur de la santé.

La blockchain pourrait notamment servir à la traçabilité des médicaments, à la sécurisation des données de santé, et à la gestion des données des patients. Pour terminer, il faut noter la grande expérience du Ghana au niveau de leur cadastre national, problème récurrent que l’on rencontre souvent en Haïti au niveau foncier. La blockchain, en tant que registre à la fois transparent et sécurisé, intéresse d’ores et déjà plusieurs pays pour y héberger leur système de cadastre, document qui recense l’état de la propriété foncière sur le territoire.

Nous vous en proposons deux exemples, similaires dans la technologie mais assez différents dans leur application. Le Ghana tout d’abord, où la start-up Bitland, qui fait partie des 10 lauréats Netexplo 2016, travaille à enregistrer les titres de propriété sur la blockchain et à résoudre les conflits fonciers. Près de 90 % des terres rurales ghanéennes ne sont pas enregistrées dans une base de données officielles, et de nombreux citadins n’ont pas encore d’adresse officielle. Et pour les élections, véritable sujet de discorde chez les haïtiens ?

Le spécialiste François Dorléans montre que l’alternative blockchain pour le vote en ligne n’est donc pas forcément pertinente pour des pays démocratiquement matures comme la France qui disposent déjà d’une organisation électorale bien rodée. “En revanche, pour des pays où il existe un risque de corruption et de fraude, et où l’accès à des bureaux de vote est difficile, le vote électronique via blockchain peut être intéressant“. Aux responsables haïtiens d’approfondir la question et mesurer les opportunités. Une étude a prouvé que la blockchain permet de faire des élections ou chaque million d’électeurs coûtera moins de 500.000 euros. Faites le calcul pour 4 à 6 millions d’électeurs!

Que faire Maintenant?

C’est le moment de passer à l’action pour ne pas rater ce virage. Par manque de clairvoyance et de mauvaise politique, nous avons raté la révolution informatique et Internet des années 1990 et cela fait de nous une nation très pauvre au niveau de la signature numérique. Nous devons continuer à éduquer la population à travers des forums, des sites d’informations, des formations sur place et virtuelle via nos écoles, les églises, les universités, les journaux, nos partis politiques etc. Il faut encadrer et encourager les initiatives visant l’adoption des crypto-monnaies comme espace de création d’opportunités par l’innovation frugale et le désir de fortifier les forces créatrices de la nation.

Actuellement un grand événement est en cours en République Dominicaine par des acteurs venant de nombreux pays dans le but de partager des expériences et perspectives autour de cette technologie et des possibilités à exploiter. Notre prochain billet présentera une plateforme dédiée à l’éducation et aux expériences pratiques des crypto-monnaies en cours.

Jhimy Jean
Bloggeur, Blockchain

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