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2 octobre 2021.-
Le sociologue, Dr Hubert de Ronceray, décédé pendant le séisme du 12 janvier 2010, dès 1994, identifiait déjà les ennemis mortels de son pays lorsqu’il répondait à une question pertinente du journal hebdomadaire Hayti-Observateur.
La question est formulée ainsi : Quelles sont vos provisions pour l’avenir d’Hayti ?
A eu cette réponse qui reste et demeure encore valide en 2021 : « L’avenir d’Hayti est une immense interrogation. Il est bloqué à l’intérieur par des égoïsmes irréconciliables et à l’extérieur par un racisme à visage découvert. Le monde entier nous déteste et nous condamne à l’existence humaine sélective. Le développement nous est refusé. Après avoir enlevé nos droits les plus élémentaires au travail, à la santé, à l’éducation, à la sécurité, après avoir organisé et précipité le chaos, les géants nous accusent de violer les droits de l’homme ».
Malheureusement depuis 1994, « Hayti est devenu un territoire transnational dirigé par des élites transnationales » ajoute le Dr Jean Fils-Aimé. C’est que, les élites académiques (intellectuels claustrophobes et promoteurs de l’épistémicide nourrissant leur aplaventrisme), économiques (mulâtres, arabo-syro-libanais et juifs cupides et antinationaux) et politiques (ceux de la classe politique traditionnelle, scélérate, inutile, déblatérée et polylithique), s’entendent depuis des lustres pour effacer l’âme haytienne et d’annihiler toute velléité de redonner à la mère-patrie, Hayti, l’image digne de ses ancêtres et de ses égrégores.
Ce trio criminel fait plutôt avancer aveuglement l’agenda d’anéantissement des pays tuteurs au lieu de contribuer au développement de leur mère-patrie. Pourquoi un peuple souverain indigné et révolté hésiterait-il à donner aux traîtres de la patrie ce dont ils méritent ? Vindicte publique, populaire, un sine qua non !
Feu De Ronceray croyait aussi que la mère-patrie, Hayti « est bloqué à l’extérieur par un racisme à visage découvert ». Il ne croyait pas si bien dire. En témoigne cette déclaration haineuse énoncée par le puissant président de la commission américaine des affaires étrangères Joe Biden en 1994, aujourd’hui, président des États-Unis, la même année que le président américain William J. Clinton décidait de fouler le sol sacré haytien pour restaurer Jean Bertrand Aristide : « Si Hayti s’engouffrait tranquillement dans les Caraïbes ou s’élevait à 300 pieds, cela n’aurait pas beaucoup d’importance en termes d’intérêt » ?
Dans son livre intitulé Power Ball (2010), le général Colin Powell dit les quatre vérités sur le racisme américain lequel s’accentue sur l’écrasement d’Hayti depuis sa naissance. Il écrit : « Les États-Unis ont travaillé depuis des siècles à la destruction d’Hayti…Les États-Unis ont aidé à saigner le pays économiquement depuis qu’il s’est libéré du joug de l’esclavage. Ils l’ont envahi militairement à maintes reprises, ont longtemps supporté les dictateurs qui abusaient du peuple en utilisant le pays comme un dépotoir dans l’intérêt de nos propres avantages économiques. Ils ont entravé leur développement, ruiné leur agriculture et renversé les gouvernements populaires légalement élus ».
Frederick Douglas (1893), l’esclave américain devenu diplomate en Hayti vilipendait son pays dénonçant sa haine virulente et viscérale à l’égard d’Hayti, « Haïti est noire et nous ne lui avons pas encore pardonné de l’être, ni pardonné au Très-Haut de l’avoir faite noire », aucun autre diplomate n’a jamais osé publiquement fustiger les crimes de l’Amérique étoilée perpétrés contre Hayti. Hier encore, l’émissaire du président américain, Daniel Foote, dans une correspondance adressée au secrétaire d’État américain David Blinkin, a eu le culot de présenter sa démission pour protester contre la politique de destruction d’Hayti.
Le diplomate condamne l’ingérence américaine dans la politique haytienne, récemment, son soutien renouvelé à l’actuel Premier Ministre de facto Ariel Henry qui, selon Andy Levin, coprésident du House Hayti Caucus et membre du comité des Affaires Étrangères à la Chambre des députés « n’a ni base constitutionnelle, ni soutien public en Hayti ou dans la diaspora… ».
Les États-Unis ont imposé leur modèle économique (le néolibéralisme) et politique (la démocratie) qui n’est pas en adéquation avec la spiritualité et la culture d’Hayti. Une telle ingérence outrancière a conduit à la déstabilisation politique, à l’appauvrissement, à la gangstérisation de la mère-patrie forçant l’émigration massive de nos compatriotes vers des cieux plus cléments.
Quelle inhumanité !
Alexandra David-Néel nous rappelle que : « L’obéissance, c’est la mort ! Chaque instant dans lequel l’homme se soumet à une volonté étrangère est un instant retranché de sa vie ». Sommes-nous soumis, conditionnés ou condamnés à accepter, sans rougir, cette volonté étasunienne à poursuivre son anéantissement d’Hayti avec la complicité mortifère de ses alliés internes – les élites transnationales ?
L’ex-ambassadeur américain Brian Dean Corren (1993) nous avait avertis de ne pas faire confiance aux amis à Washington, à ne plus écouter « les sirènes des extrémistes ou des revanchards d’un côté ou celles des apologistes de l’autre. Ils n’ont pas de fonctions gouvernementales. C’est pourquoi je les appelle les chimères de Washington…La Communauté Internationale ne peut sauver la démocratie en Hayti. Cela, les Haytiens seuls le peuvent ». Quelle honnêteté rarissime d’un diplomate américain !
Ennemis externes (pilleurs et asservisseurs) et internes (oligarchie corrompue et mafias politiques criminels) d’Hayti « ont détruit Hayti et considérablement appauvri son peuple » (Narciso Isa Condé, 2021).
In fine, que le peuple haytien agisse en déstabilisateur et en pyromane pour mettre fin à deux siècles de pillage et d’asservissement impérialiste, de corruption bourgeoise et partisane et surtout à la traitrise de cette classe politique traditionnelle, lesquels ont bloqué cette quête à son autodétermination. « Le monde entier nous déteste », rappelle le sociologue Hubert de Ronceray.
L’ambassadeur étasunien Pamela A. White (2014), l’une des filles du Grand Satan, n’a-t-elle pas vendu la mèche en déclarant sans ambages qu’« Hayti est trop riche pour être pauvre »?
Francisque Jean-Charles
Dans Le Novateur, 1er octobre 2021