Limitless Post Haïti
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Le 22 février 2025
Suite à l’arrêté du Conseil présidentiel nommant le comité de pilotage de la conférence nationale le 17 août 2024, la jeunesse haïtienne a salué la mission de ce comité, perçue comme une opportunité de sortir le pays de la crise chronique qui le paralyse depuis plus de 40 ans. En effet, le paysage politique haïtien reste marqué par une domination sans partage des anciennes élites. Ces « tenants du statu quo », qu’ils soient politiques, économiques ou sociaux, ont consolidé leur emprise sur le pays en bloquant les réformes nécessaires à son développement. Face à cette inertie, une nouvelle génération de jeunes Haïtiens, porteurs d’espoir et d’ambition, revendique désormais un rôle actif dans les discussions nationales, notamment au sein du dialogue national en préparation.
Le Statu Quo : Un Système Ancré dans l’Immobilisme
Le « statu quo » haïtien désigne un système où des groupes d’intérêt contrôlent depuis des décennies les leviers du pouvoir et de l’économie. Ces élites – politiques, économiques, ou issues du secteur privé – ont maintenu leur influence grâce à un réseau clientéliste, tout en évitant soigneusement les réformes structurelles. Leur stratégie ? Préserver des institutions affaiblies et des ressources accaparées, au détriment d’une grande partie de la population, notamment les jeunes exclus des cercles décisionnels.
Ce système a nourri une instabilité chronique : gouvernements éphémères, défiance envers les institutions, corruption endémique. Bien que soutenus par ces élites, les régimes successifs ont échoué à répondre aux besoins essentiels des citoyens ou à moderniser l’État, enfermant Haïti dans un cycle de crises politiques et sociales.
La Jeunesse Haïtienne : Une Génération en Quête de Rupture
Contre ce modèle hérité, une jeunesse éduquée, engagée et connectée émerge. Diplômés, activistes ou leaders communautaires, ces jeunes refusent de voir leur pays sombrer sous le poids des conservatismes. Leur objectif ? Intégrer les espaces de décision pour promouvoir une refonte radicale du système. Soutenus par la diaspora, ils réclament des réformes politiques audacieuses, une économie inclusive et des institutions démocratiques renforcées.
Leur message est clair : il ne s’agit plus de participer symboliquement, mais de co-construire l’avenir. Justice sociale, lutte contre les inégalités, transparence et éducation figurent parmi leurs priorités. Pour eux, le dialogue national doit être un levier de transformation, et non une simple tribune.
Un Conflit Générationnel au Cœur des Tensions
L’obstacle majeur reste l’hostilité des élites traditionnelles, qui perçoivent cette mobilisation comme une menace pour leurs privilèges. Habitués à un pouvoir vertical, ces groupes résistent à toute inclusion réelle de la jeunesse dans la gouvernance. La peur de perdre le contrôle des ressources et de l’appareil d’État alimente leur réticence à partager l’influence.
Les jeunes, eux, assument une posture de rupture : ils exigent un renouvellement des pratiques politiques et rejettent les compromis qui perpétueraient le statu quo. Leur credo ? Une démocratie participative, où l’expertise et l’innovation priment sur les logiques de loyauté clanique.
Le Dialogue National : Une Fenêtre de Tir pour Haïti
Ce dialogue, présenté comme une solution à la crise, sera un test décisif. Pour réussir, il devra garantir une représentation équitable des jeunes et des marginaux historiques. Cela suppose une volonté politique forte des anciennes élites d’accepter un partage du pouvoir – ce qui reste incertain.
La jeunesse devra également prouver sa capacité à concilier idéalisme et pragmatisme : proposer des solutions viables tout en respectant l’expérience des aînés. Inversement, ces derniers doivent reconnaître que sans inclusion générationnelle, aucune stabilisation durable n’est possible.
Haïti à la Croisée des Chemins
Le pays vit un moment charnière. D’un côté, des élites arc-boutées sur un système moribond ; de l’autre, une jeunesse déterminée à écrire un nouveau chapitre de l’histoire haïtienne. La question centrale est désormais : le dialogue national sera-t-il un outil de transition ou une mascarade de plus ?
Une chose est sûre : la jeunesse haïtienne ne se contentera plus de slogans. Elle exige des actes – transparence dans les nominations, révision constitutionnelle, mécanismes anti-corruption concrets. Si ce souffle réformateur est entendu, Haïti pourrait enfin rompre avec quatre décennies d’échecs. Sinon, le risque d’un nouvel éclatement guette.
Jean Rodlet Jean Baptiste, leader Engagé 🤝
