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30 juin 2021.-
Je suis dévasté !
Je n’arrive plus à retenir mes larmes. Elles coulent telle une rivière en crue. Tel un fleuve en colère. Je pleure Diego. Je pleure Netty.
J’ai envie de me révolter. J’ai envie de me battre. J’ai envie de lancer des pierres. J’ai envie de dire anathème à tous ces malfrats de tous ordres et de toutes catégories. Il faut me comprendre: je suis révulsé. La rage m’habite, la déception m’envahit, la douleur me ronge.
Netty, c’était ce symbole de joie, de la beauté de l’âme et de l’esprit, d’une jeune femme brillante, intrépide, qui croyait en la vie et en l’avenir. En sa compagnie, la vie renaît, la joie t’habite et tu sens le besoin d’avancer et de te rendre utile aux autres et au pays. Netty, c’était un immense espoir que j’ai côtoyé durant plusieurs années et j’ai eu le bonheur de suivre la progression de son engagement social et politique en Haïti au fur et à mesure. Avec elle, je ne compte pas les multiples et longues discussions qu’on a su avoir sur la situation délétère du pays.
Diego, quant à lui, c’était plus qu’un collaborateur direct à la Salle des nouvelles de radio Vision 2000, c’était un ami et plus qu’un ami, c’était un frère avec qui j’ai partagé des moments inoubliables. Diego était un étendard de lumière, il rayonnait, tant il enveloppait son environnement de bonne humeur et de promesses censées. Humble, il voulait apprendre beaucoup plus chaque jour. Un peu réfractaire face aux incompréhensions mais pour toujours revenir avec le sourire, cette bonté de l’âme et cette chaleur du cœur qui te l’imposent comme un pote idéal.
Il me faudra du temps pour me rendre à l’évidence que j’ai perdu ces deux êtres qui me complétaient. Il me faudra du temps pour combler le vide qu’ils ont créé en moi. Il me faudra du temps pour accepter leur disparition. Je suis dépeuplé. Je suis vidé. Je suis dévasté. Je pleure. Non, je crie de souffrance. C’est une double perte. Et c’est une perte trop lourde. On digère plus facilement que des gens meurent d’avoir supporté trop longtemps la maladie.
Diego, Netty et leurs deux vies ont été happés par des escadrons de la mort, des professionnels du crime.J’écris pour eux sans vraiment savoir qui écrit pour ceux qui ont disparu avec eux, sans vraiment savoir qui va écrire pour les mille et un autre qui continueront à disparaître demain, après-demain, encore et encore, chaque jour. Diego et Netty n’avaient rien fait pour mériter la peine capitale. C’était seulement deux jeunes Haïtiens qui réclamaient de meilleures conditions d’existence. Ils voulaient vivre et ils en sont morts. Est-ce le sort que vous nous réservez à tous? Dites.
Je m’adresse à vous, chères autorités de mon pays. Voulez-vous nous voir tous morts avant de tirer les conséquences de vos insanités, avant de vous avouer incapables, avant de tirer la révérence ? Laissez-moi vous le rappeler: avant vous, il y avait des gens, peut-être incapables eux aussi, après vous, il y en aura d’autres, peut-être pires que vous. Mais en attendant, vous êtes les responsables de nos maux et je vous accuse du double assassinat crapuleux de Diego et de Netty. Je vais encore pleurer, je le sais, mais dites vous bien ceci: vous paierez pour vos crimes et surtout sachez que le pouvoir n’est jamais éternel. D’autres avaient fait pire que vous et avant vous, seulement voilà, ils ne sont plus là aujourd’hui.
Adieu Netty! Adieu Diego! Je me console, non pas à l’idée que vous aurez justice, du moins pas avec eux, mais à l’idée que je pourrai vous revoir de l’autre côté.
Jackson Joseph pour la nouvelle Haïti !!