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30 juin 2021.-
𝗝’𝗮𝗶 𝗰𝗿𝗼𝗶𝘀𝗲́ 𝗗𝗶𝗲𝗴𝗼 𝗵𝗶𝗲𝗿, 𝗷𝗲 𝗻𝗲 𝘀𝗮𝘃𝗮𝗶𝘀 𝗽𝗮𝘀 𝗾𝘂𝗲 𝗰’𝗲́𝘁𝗮𝗶𝘁 𝗹𝗮 𝗺𝗼𝗿𝘁
Nous sommes d’accord ces dernières années la mort ne nous avilit plus. À chaque coin de rue, le corps gisant d’Evelyne, de Gregory, de Monferrier et des anonymes nous font des grimaces sans pour autant nous arrêter en chemin. Nous nous reprogrammons tous les matins pour redescendre la colline de la mort, avec un sourire, un signe de la main. Si vous êtes en famille, vous serrez vos enfants, votre époux, votre épouse. Si un d’entre nous habite la province ou vit à l’étranger, un appel, un je t’aime avant que tout s’écroule.
Le mal dans tout cela, nous ignorons si c’est le dernier geste à chaque fois, sinon on aurait mis plus de beauté dans l’acte. 𝗦𝗶 𝗷𝗲 𝘀𝗮𝘃𝗮𝗶𝘀, 𝗵𝗶𝗲𝗿, 𝘃𝗲𝗿𝘀 𝟭𝟰𝗵𝟯𝟬, 𝗹𝗼𝗿𝘀𝗾𝘂𝗲 𝗗𝗶𝗲𝗴𝗼 𝘀’𝗲𝘀𝘁 𝗯𝗿𝘂𝘀𝗾𝘂𝗲𝗺𝗲𝗻𝘁 𝗮𝗿𝗿𝗲̂𝘁𝗲́ 𝘀𝘂𝗿 𝗹’𝗮𝘃𝗲𝗻𝘂𝗲 𝗟𝗮𝗺𝗮𝗿𝘁𝗶𝗲𝗿𝗲 𝗽𝗼𝘂𝗿 𝗺𝗲 𝗱𝗲𝗺𝗮𝗻𝗱𝗲𝗿 𝗼𝘂 𝗷’𝗮𝗹𝗹𝗮𝗶𝘀, pourquoi je ne montais pas, j’aurais sauté dans la voiture avec célérité. Si je savais qu’il vivait les derniers instants de sa vie, j’aurais pu lui dire je l’aime et merci pour sa famille (sa mère m’appelle fils, je ne sais pas si c’est une affection commune. Il y a des gens qui sont doués d’humanité), le don sa personne, les combats à Radio Vision 2000. On aurait bu une dernière goutte de fraternité. Je n’aurais pas laissé le temps à Leon de ricaner de cette phrase dénuée de sens : « je fais de la livraison à domicile ». Cette fois, la différence, on t’a livré la mort à domicile.
Je traîne au quotidien main dans la main avec la mort. J’ai l’impression que ceux qui vont nous tuer passent à la télé tous les jours, parlent à radio, font des promesses et se montrent intrépides. J’ai l’impression qu’ils ont plus de thuriféraires que de contempteurs. J’ai l’impression que des gens ont vendu nos vies comme le monde ésotérique fait croire que d’autres font acquisition aux prix dérisoire de notre mort. J’ai l’impression que nous te reverrons tous les jours dans les gyrophares, en noir et blanc, que tu voyages à l’étranger.
Ce matin, des gens m’ont demandé si j’ai un passeport, un visa, j’ai répondu que tu avais les deux mais la mort a mis un terme à tes vœux de voyage. Ils pensent que je suis cynique, je trouve qu’ils le sont, d’abord. Tu es déjà un souvenir, un talisman précieux pour les lointaines embarcations, mon frère que je ne reverrai plus. Réjouis-toi dans l’éternité !
Websder Corneille