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Le vrai visage du système d’Etat

Notre république vit des moments qui s’annoncent inoubliables dans son histoire. Le système d’apaisement qui a été mis en place pour satisfaire les intérêts des oligarques est attaqué dans ses fondements les plus sensibles. Pour la première fois, tous les éléments de ce système de camaraderie,de compagnonnage se sont clairement identifiés. Il aurait fallu que quelqu’un le blesse pour constater l’étendue de la plaie à travers les membranes et toutes les instances qui participent à ce vaste complot contre la nation depuis l’assassanit de Jacques 1er.

Le peuple haïtien ne pourrait jamais oser se soulever car les acteurs du système sont indécents et très forts. Ce système est un plat de spaghetti où presque toutes les branches s’entremêlent. C’est un vrai système de solidarité dans le mal.
Après l’échec de plusieurs coups politiques tentés par ses branches économique et politique, ce sont maintenant les canaux de diffusion idéologique et d’apaisement social qui entrent en scène: Les églises manifestent.
Jovenel Moïse , jusqu’ici incompris par cette population pour laquelle il se bat, a du pain sur la planche. S’en sortira-t-il ?

Un système à la vie dure. Le chef de l’Etat, n’est pas le chef du système. Il est placé pour exécuter la volonté de ses principaux acteurs pour continuer à apaiser la colère de la population en la divisant, en lui empêchant d’identifier ses véritables ennemis et en lui promettant dans le ciel le pain dont on lui a privé dans la société. Jovenel Moïse a donc surpris ce système et s’est hissé au plus haut sommet de Haïti S.A.
Il est alors en rébellion contre cette société anonyme qui fait sortir ses griffes aujourd’hui.

Jean- Bertrand Aristide avait un peu tenté mais en avait fait les frais.
L’actuel président, à la fois seul et presque solitaire, pourra-t-il tenir ?
Dès son arrivée à la tête de la magistrature suprême de l’Etat, il n’a pas caché son intention de servir la population. Voulant se détacher lentement bien que naïvement de son mode de fonctionnement, il a déclaré qu’on lui a fait nommer une cinquantaine de juges corrompus D’aucuns se demandent pourquoi il les avaient nommés car il aurait pu s’en abstenir. Cependant, S’abstenir de les nommer déboucherait sur une crise de l’appareil de justice à l’aube de son quinquennat, ce qui ne serait pas un bon signe. Il a esquivé ce premier piège avec intelligence mais n’a pas caché à la population cette vérité à l’instar du président Manigat qui avait confié à la population le risque calculé qu’il avait pris en acceptant l’irrégularité avec laquelle il avait pris le pouvoir. Là encore , il en avait payé la facture.

Le président de la république, lors d’un forum sur la modernisation de l’Etat organisé à la Banque des banques de la république, a dévoilé que tous les contrats signés pendant les dix années qui ont précédé son quinquennat ont été surévalués. Aucune voix ne s’est élevée pour faire suite à cette information de ce haut dignitaire de l’Etat. Même la presse d’investigation n’a pas pas fait bouger les archives. Cela s’est tout simplement éclipsé.
1.5 million de dollars pour un kilomètre d’asphalte, le président n’a pas choisi d’engager l’Etat dans cette aventure économiquement coûteuse et moralement honteuse. Il en est de même pour le prix du kilowatt d’électricité. Le système mafieux a commencé à se sentir menacé dans ses privilèges et l’oligarchie doit adopter l’attitude logique nécessaire en déclenchant les hostilités.
Il faut chasser cet intrus du système des privilèges . Si on était au 17ème siècle, Jean de la Fontaine écrirait :” S’attaquer aux intérêts mafieux d’un groupe de privilégiés, quel crime abominable !!!”
Monsieur Moïse est devenu l’insecte à abattre. Pour préparer cette opération sur le terrain politique, il faut créer une situation d’instabilité généralisé surtout que le président de la république, bien qu’issu des urnes, souffre d’un déficit de légitimité provenant du faible taux de participation des citoyens aux élections qu’il avait gagnées haut la main des mains de toute l’opposition.
La bataille a commencé sur le terrain économique et financier. Le dollar américain a commencé à se raréfier sur le marché et la monnaie nationale s’est vue dévalorisée de plus en plus pendant que les activités économiques ne s’arrêtent pas, le commerce international suit son cours quotidiennement, les vols des compagnies aériennes augmentent considérablement mais le dollar est stocké quelque part par le système financier pour préparer la panique qui s’annonce à l’occasion de l’opération « pays Lock ». Le stockage du dollar a eu pour conséquence une hausse générale des prix sur le marché de consommation. C’est l’inflation. Elle continue d’avoir de lourdes conséquences sur le panier de la ménagère, donc, sur le pouvoir d’achat des gens. L’économie du pays se repose sur l’importation. Le stockage du dollar a eu alors des conséquences majeures sur le petit commerce et sur l’économie de la classe moyenne.
Après que la banque centrale eut décidé de sanctionner certaines banques pour leur comportement irrégulier sur le marché des changes, une tendance à la baisse s’est faite constater et la monnaie nationale a recommencé à respirer alors que rien n’avait changé en quantité comme en qualité au niveau de notre système de production.
Le président Moïse, à l’instar du palmiste qui se rit des grands vents, a pu résister à ce premier épisode de la terreur soigneusement préparée par l’opposition économique avec l’opposion politique qui assure le décor des meubles. Cependant, vu que l’ennemi est de taille, cette opposition a cédé sans concéder.

Le parlement haïtien, le sénat en particulier, sera investi pour mener la bataille du système financier avec l’opposition politique comme accessoire contre quelqu’un qui aurait osé.
Le président Moïse a au parlement une majorité politique relative. Il faudrait en ce sens empêcher par tous les moyens que les séances aient lieu. Ainsi, aucune séance ne peut s’organiser, la loi budgétaire de trois exercices fiscaux n’a pu être votée, la loi électorale devant déboucher sur les élections pour renouveler le personnel politique est aussi restée dans les tiroirs. Mêmes des matières fécales sont jetées au sein du sénat de la république pour désacraliser ce temple oh combien respectueux autrefois.
Il n’y a rien qu’on ne puisse faire pour sauvegarder ses privilèges et ses intérêts. Cela nous permet de comprendre aussi pourquoi on ne peut pas bâtir un monde de paix, sans guerre et pourquoi des prêtres et des pasteurs bénissent les armées avant d’aller en guerre pour défendre les intérêts des nantis.

Toutes les preuves d’une tentative de coup d’Etat sont là, un enregistrement sonore authentifié est là, le discours de celui qui allait être président et un protocole d’accord ont été retrouvés. Pourtant, il a été minimisé au profit des acteurs économiques qui préparaient le coup.
Trois juges de la cour de cassation étaient en campagne auprès des oppositions pour remporter le palme, ils semblent avoir été blanchis par la conscience partisane et par l’opinion émotive.
Les canaux d’apaisement idéologique sont entrés en scène. L’Eglise catholique qui a vu sa franchise bloquée suite à une affaire peu catholique de dédouanement et l’église protestante se sont érigées en organisations politiques pour organiser des manifestations contre quelqu’un qu’elles accusent de dictateur alors que ces mêmes structures se taisaient quand le président Privert avait prolongé sont mandat de 90 jours pour un an, ces mêmes structures se taisaient quand des matières fécales ont été déversées dans l’enceinte du sénat de la République. Ces mêmes structures se taisaient lors du scandale survenu après ce qui s’était passé à l’orphelinat. Ces mêmes structures se taisaient lors du vol organisé de l’argent des adhérents des coopératives. Ces églises se taisaient dans le gaspillage des fonds après le séisme du 12 janvier. Ces églises se taisaient et continuent de se taire face au maigre salaire des ouvriers haïtiens. Ces églises se soulèvent contre une certaine dictature de Jovenel Moïse alors qu’elles se taisent devant la dictature du marché qui est même pris en otage par moins de cinq pour cent des plus riches du pays. Ces églises se taisent devant le processus de paupérisation des enfants de Dieu et de la prolétarisation de la classe moyenne.
Ces églises crient aujourd’hui « Haro sur le baudet » face à un président que le secteur des privilèges taxent de dictateur alors qu’il n’est même pas candidat à sa propre réélection, alors que son mandat prend fin dans 11 mois. Son grand peché est de s’attaquer au secteur mafieux des privilèges qui empêchent aux autres départements d’améliorer leur infrastructure routière, de bénéficier de la décentralisation du secteur de l’énergie, d’avoir des ports maritimes internationaux, des aéroports internationaux, des hôpitaux pour décentraliser le services des soins médicaux, de nouveaux entrepreneurs pour en finir avec les monopoles dans un monde qui bouge.

Depuis le 17ème siècle, Jean de la Fontaine n’a jamais été aussi présent dans nos réalités. à travers « Les animaux malades de la peste » :

« L’Ane vint à son tour et dit : J’ai souvenance
Qu’en un pré de Moines passant,
La faim, l’occasion, l’herbe tendre, et je pense
Quelque diable aussi me poussant,
Je tondis de ce pré la largeur de ma langue.
Je n’en avais nul droit, puisqu’il faut parler net.
A ces mots on cria haro sur le baudet.
Un Loup quelque peu clerc prouva par sa harangue
Qu’il fallait dévouer ce maudit animal,
Ce pelé, ce galeux, d’où venait tout leur mal.
Sa peccadille fut jugée un cas pendable.
Manger l’herbe d’autrui ! quel crime abominable !
Rien que la mort n’était capable
D’expier son forfait : on le lui fit bien voir.
Selon que vous serez puissant ou misérable,
Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir. »
Voilà que s’écrit aujourd’hui un nouveau chapitre du livre de notre vie commune de peuple avec évidemment les vertiges de ces quelques pages encore blanches.
Il est presqu’évident qu’un Scandale social éclatera immanquablement. Il n’aura pas lieu à Boutilier, ni à Montagne noire, ni dans aucun quartier luxueux du pays, hauts lieux de résidence des nantis et du financement interne des hostilités. Il aura lieu au cœur de nos villes et affectera les quartiers déjà infectés par leur virus. Nous verrons probablement brûler des pneus dont nous respirerons le parfum (pardon l’odeur). La fumée ne montera pas à Boutilier ni à Montagne noire. Elle entrera chez nous, dans nos foyers pour troubler la santé déjà fragile de nos cousines et de nos cousins, de nos sœurs et de nos frères, de nos parents, de nos amis.
Le sang aussi coulera, mais ce sera le sang de nos corregionnaires, de nos concitoyens, de nos proches. Les nuits aussi seront troublées dans nos villes-dortoirs pendant qu’elle restera calme à Laboule, à Boutiliers, à Montagne noire …..
Le petit commerce sera affecté. Les services de la dette grimperont pendant que chez les nantis qui financent et alimentent le mouvement de destabilisation, les actions sont protégées par des règlements qu’ils ont eux-mêmes conçus.
Demain, quand les passions se seront tues, nous nous laisserons librement jugés par le tribunal de notre conscience.

Ainsi reçoive une peine morale quiconque se laisserait guider par ses préjugés pour servir les intérêts d’une minorité qui ne défend que ses intérêts.

Nous ne reconnaissons pas d’ange au pouvoir, voire dans l’opposition. Ils sont tous animés par le démon de la richesse illicite et du pouvoir. Seule la population en souffre. Notre mode d’organisation sociale a cédé. L’optimisme citoyen s’est presque rendu. L’organisation des élections pour que les élus du peuple viennent réconcilier la nation avec elle-même reste la seule issue. Le pays n’a pas besoin de transition, peu importe l’épithète qu’on lui ajoute. On en a déjà marre. Une transition peut-être possible si les membres de cette opposition reconnaît publiquement le mal qu’ils ont causé à ce pays depuis 1986 en demandant pardon à la nation. Là encore, il aurait fallu utiliser un instrument de mesure fiable pour mesurer le sentiment national à l’égard de ces fossoyeurs de la patrie. Depuis 1986, un groupe d’individu a pris la politique en otage en utilisant le pouvoir de la rue. Ils ont même presque bloqué l’évolution de la pensée politique en opérant une rupture systématique avec la pensée florissante qui avait occupé presque tout le 19ème siècle haïtien. Depuis 1986, Haiti est devenu une république de slogans où tout se nivelle par le bas. Notre système de valeurs a cédé et notre mode de reproduction sociale, voire politique, s’est stoppé. C’est cette classe politique qui, depuis le coup d’Etat contre le président Leslie François Manigat a rendu désormais possible l’ascension de Jean-Bertrand Aristide, de René Préval, de Michel Martelly et qui a automatisé l’arrivée de monsieur Moïse au pouvoir Qu’aurions-nous à reprocher à l’actuel président de la république qui puisse dépasser la malhonnêteté de ces gens qui ont détruit notre pays depuis 1986 et qui ont mis en déroute notre système de valeurs et notre patrimoine matériel et immatériel ? Le destin de mon pays semble s’arrêter progressivement à cause de l’irresponsabilité de ces acteurs politiques. Jovenel Moïse n’est pas un dieu ni ne saurait l’être. Il n’est pas un diable non plus. Cependant, ce qu’on dit de lui est faux. Ce n’est pas ainsi qu’on cherche à jeter la peau d’un homme aux chien pour blanchir ceux que la morale de l’histoire a déjà condamnés. Depuis plus de deux millénaires, nous nous contentons de libérer Barabas pour condamner Jésus. Il est temps d’en finir avec cette bêtise.
La lutte menée par le président de la république n’est pas facile. Il pourra perdre demain matin le pouvoir ou y rester jusqu’au 7 février 2022. Quand on enlèvera de l’histoire son manteau de passions, de préjugés ou de camaraderie, la mémoire collective dira un jour qu’il a été courageux, constant et utile.
J’utilise mon courage pour le dire peu importe ce qu’on pensera de moi. La liberté, c’est aussi la capacité de rester debout pendant d’autres feignent d’être à genoux, c’est aussi le pouvoir de dire non pendant que d’autres sont obligés de dire oui. C’est une pointe de diamant qui n’est pas réductible. Depuis mon plus jeune âge, j’avais choisi d’embrasser la vérité au nom de la liberté. Cette vérité m’affranchira.

Leslie Gélin
05 mars 2021

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