Par Francisque JEAN-CHARLES.-
Toutes les conditions sont réunies pour une nouvelle Vertières, pense le Dr Jean Fils-Aimé Dès la mort de l’empereur Jacques 1e très souvent qualifié à tort ou à raison de tyran, cruel et stupide voulant établir un Etat œuvrant en faveur des masses indigènes, « les élites politiques ont appuyé les intérêts étrangers au détriment de l’intérêt national », rappelle l’économiste Leslie Péan dans Alterpresse. La concurrence déloyale, ajoute-il, ne tardera pas à tuer l’industrie nationale naissante.
Et le schisme territorial entre le grand Nord de Henri Christophe et l’Ouest-Sud d’Alexandre Sabés Pétion contribuera économiquement et politiquement à la déchéance nationale.
Il faut se rappeler que la bataille de Vertières était aussi économique parce que « tout le rayonnement économique de la France reposait sur l’esclavage. Plus question de travailler pour les autres, mais pour nous-mêmes » (Dr Jean Fils-Aimé, 2022), affirmaient nos vaillants ancêtres. Malheureusement, aujourd’hui encore, nos ventres, belle lurette, sont aux mains de deux pays ennemis, la République dominicaine et les États-Unis.
Les élites économiques (mulâtres, arabiques, libanais et juifs cupides et antinationaux), et politiques (ceux de la classe politique traditionnelle, scélérate, inutile, déblatérée et polylithique) s’entendent depuis des lustres pour effacer l’âme haytienne et annihiler toute velléité de redonner à la mère-patrie, Hayti, l’image digne de ses ancêtres et de ses égrégores.
« Nos ancêtres, à Vertières, qui ont combattu pour un nouvel ordre mondial basé sur l’autodétermination, la dignité humaine inclusive et l’universalité des droits » (Dr Jean Fils-Aimé, 2022), ont vu l’indépendance suspendue le 23 janvier 2004 par « l’Assemblée des Nations Malveillantes » depuis l’Initiative d’Ottawa laquelle fournit l’occasion aux ennemis externes (pilleurs et asservisseurs) et ennemis internes (oligarques corrompus et mafias politiques criminels) d’Hayti, de comploter en vue de faire d’Hayti un enfer pour les descendants des pères fondateurs de la nation.
Ils vont même jusqu’à confirmer ce préjugé raciste des esclavagistes du 19e siècle qui prétendent que les nègres Haytiens ne peuvent pas diriger eux-mêmes leur pays sans le fouet du commandeur. Quelle arrogance ! Quelle aberration ! L’Afrique n’est-il pas le berceau de la civilisation qui a inspiré et continue encore d’inspirer le monde civilisé de l’Europe et des autres civilisations occidentales ?
À Vertières, comme ce fut le cas à Rome pour les Romains, les pierres parlent. Le vodouologue Fils-Aimé, en effet, affirme que Vertières « fut aussi une bataille pour la souveraineté de ce territoire. » Malheureusement, depuis septembre dernier, les États-Unis et le Canada font tout pour saper cette souveraineté. « Pour eux, rappelle belle lurette Frederick Douglass (1893) ancien ministre résident et consul des États-Unis, le bien-être d’Hayti n’est rien ; l’effusion du sang humain n’est rien, le succès des institutions libres n’est rien…
Ce sont des requins, des pirates et des Shylocks, avides d’argent, peu importe le coût de la vie et la misère de l’humanité ». Ne faudra-t-il pas mettre fin à cette ingérence mortifère pour la refondation de l’Etat/Nation d’Hayti jouissant de son droit à l’auto-détermination tel que prescrit par la Charte de l’O.N.U. et différentes Conventions Internationales?
À tout prix, ces deux nations malveillantes veulent illégalement envahir Hayti, un « pays fragile » disent-ils, pour implémenter le « Global Fragility Act » visant à piller les matières premières de ce pays. Hayti, haut-lieu sacré, à travers nos illustres ancêtres et les Loas Ginen sous la direction de Lavilokan, a fait reculer la bête et a dévié leurs manœuvres machiavéliques de pillage des ressources du pays.
Ainsi, ces deux compères, comme larrons en foire, se sont-ils entendus mutuellement pour nettoyer leurs écuries d’Augias en Hayti, en avilissant et sanctionnant tous leurs anciens collaborateurs criminels impliqués dans des actes de banditisme, de trafic illicite de drogue et de blanchiment d’argent. Ne sont-ils pas tous des traitres à la mémoire de nos ancêtres ?
« De grosses pattes, des cervelles pachimerdes, et des macaques de cirque » (Max Jean, 2013) émanant presque toutes et tous des masses, une fois émancipées, ont délibérément conduit la mère-patrie sur le chemin de Damas.
La rédactrice en chef du journal américain The Nation Amy Wilentz (2021) confirme que faire d’Hayti un enfer découle des 10 règles américaines non-écrites stipulant que (1) : « N’interférez pas avec les hommes d’affaires haïtiens qui sont de vieux amis de l’ambassade américaine, quelle que soit la corruption dans laquelle ils se trouvent : douanes, ports, énergie, protection, communications, banque, drogue, etc. Ce sont nos vieux amis. ».
Dans ce tohu bohu, faudrait-il réinventer Vertières ? Le Dr Harry Hans François plaide à ce « Que tous les Haytiens conscients et fiers de leur culture se joignent, s’entendent entre eux et contribuent positivement dans cette bataille contre les préjudices, la misère et surtout en faveur du développement spirituel et économique du pays ». Quant au Dr Jean Fils-Aimé, il croit que : « Vertières est une bataille actuelle. Tous les enjeux demeurent actuels. Toutes les conditions sont réunies pour une nouvelle Vertières ».
Mais le théologien christique ajoute qu’« ils nous manquent des guerriers, des soldats qui n’ont pas peur de perdre leurs visas, qui n’ont pas peur de mourir ». Le général Toussaint Louverture, le génie militaire, le précurseur de l’indépendance d’Hayti, dans un discours au Môle Saint-Nicolas disait avec raison que : « Il est facile d’abattre l’arbre de la liberté, mais pas facile de lui redonner vie ».
L’historien hors pair Dr Jean Fils-Aimé nous invite à nous armer du mal courage pour rééditer l’exploit de Vertières en écrivant : « Quand l’avenir est décourageant, il faut puiser dans son histoire l’énergie dont on a besoin pour rebondir ». Seuls les esprits de nos ancêtres et les Loas Ginen sur la direction de Lavilokan, à mon sens, pourraient nous aider à reconquérir notre terre atlante.
Qu’ils délèguent ensemble au plus vite un patriote révolutionnaire charismatique, un homme d’État exceptionnel et un dirigeant inflexible pour chapeauter dix royautés départementales pour une transition de rupture de 3-5 ans. Somme toute, comme l’a si bien écrit Henri Piquion (2019), « La révolution d’aujourd’hui en Haïti doit consister à remplacer une injustice historique fondamentale par une justice essentielle basée sur l’égalité des chances pour chaque Haïtien de participer au développement du pays et d’accéder aux fruits de son développement. C’est l’Haïti que veulent les Haïtiens. C’est l’Haïti pour laquelle nos ancêtres se sont battus et sont morts ».
Dans Le Novateur, 25 novembre 2022